Après La Nouvelle-Orleans, nous reprenons la route de l’Ouest. On traverse le Sud-ouest de la Louisiane dont l’histoire est passionnante. En 1765, Jean Broussard, dit Beausoleil, un acadien résistant à la déportation, a organisé une résistance en Nouvelle-Écosse. Blessé au cours d’une bataille, voyant en lui une figure problématique en France, il est déporté au Sud. Il vient pour s’établir en Ayiti (« Haïti ») mais, les créoles ne veulent pas de la racaille française. Les espagnols qui peinent à coloniser leur nouveau territoire, au sud-ouest de l’embouchure du Mississippi, offrent des terres agricoles (vacheries) aux arrivants français. Beausoleil et ses quelques 200 colons seront les premiers français à s’établir définitivement en Louisiane. Les métiers à tisser qui servaient aux canadiens français pour la laine et le lin ont été importés en Louisiane pour tisser …. le coton. Et ainsi faire naître toute une industrie encore d’actualité!
On s’arrête à Vermilionville, un village historique en bordure d’un bayou. Petit arrêt au restaurant pour goûter la nourriture cadienne. Jambalaya au poulet et saucisses, servi sur riz, miam! En Afrique, on appelle ce plat « Jolof ». Après s’être bien rempli la panse, nous avons parlé français avec les comédiens du village historique. On parle français en Louisiane jusqu’en 1910 environ où le gouvernement américain décide d’assimiler les non-anglophones. Il devient alors interdit de parler français à l’école. Recopier 100 fois : « I will not speak french » devient un châtiment à l’école. Les francophones sont ostracisés et dénigrés. On abandonne cette langue pour parler anglais dans toute la Louisiane. L’assimilation américaine est couronnée de succès contrairement à celle britannique envers les canadiens français du Bas-Canada.



Aujourd’hui, on tente de faire vivre la culture cadienne dans la région. Le village historique que nous avons visité organise une foule d’activités en lien avec cette riche culture. Le terme cadien est prononcé par les anglophones comme suit: «cajun».
Les enfants sont heureux d’avoir parlé français et d’avoir tout compris ce qui était écrit. Leur anglais est très bien mais, lire les étiquettes en anglais devient fatigant et ils passent rapidement à autre chose. De toute façon, « Les enfants cool parlent français! ». D’ailleurs, ils étaient tellement motivés d’avoir fait de l’univers social toute la journée, qu’ils ont sorti leurs livres d’école et y ont travaillé toute la soirée. À minuit, Clovis est encore à faire de la lecture et de l’écriture dans son livre.

Notre périple en Louisiane tire à sa fin pour atteindre, comme le majestueux Mississippi, le golfe du MEXIQUE. En quittant Québec, nous tenions ardemment à nous rendre en Louisiane et en faire la visite. Ce que nous y avons découvert n’était décidément pas ce que nous nous attendions, comme toujours. Ce qui nous marque cependant, ce sont les rencontres. Tous ces comédiens francophones que nous avons rencontré au village de Vermilionville et l’histoire enrichissante qu’ils avaient à nous partager. Que ce soit au travers la musique, l’artisanat, l’architecture et j’en passe.



Mais, ma petite histoire de rencontre préférée : nous devions faire la lessive. Nous trouvons une buanderie dans un quartier louisianais de Lafayette qui est sur le chemin que nous devons emprunter pour notre prochaine destination. C’est le matin, il fait chaud et ensoleillé. La buanderie n’a pas beaucoup d’espaces de stationnement alors, on sort de la Tortue pour évaluer comment on pourrait se stationner. Un jeune homme à vélo nous dit : « Park dere, all good! » alors que nous sommes en bordure d’une minuscule rue. On bloque une bonne partie de la voie. Nous sommes à une intersection relativement achalandée malgré la petitesse des rues. La Tortue Têtue est penchée sur le côté en raison du devers de rue et du fossé. Bref, après s’être garé, on sort de la Tortue Têtue avec nos vêtements à laver. Les gens étaient particulièrement surpris de voir un autobus débarquer. Un certain Reginald Landry était abasourdi et se demandait dans quel univers et surtout, pour quelle raison nous avions atterri dans son hood. Il répétait sans cesse: « Why d’you stopped by here? , Why here? » . Il était souriant et n’en croyait pas ses yeux. Il nous a suggéré d’aller manger local au Lucky’s à coté de la buanderie. C’était bondé et c’était bon! Miam! Edmond s’est régalé et on remarque ses efforts d’ouverture d’horizons culinaires. Reginald, qui tient également un restaurant, nous offre un « pecan candy ». Au moment de se quitter, il nous souhaite une bonne route et nous dit: « If y’all come back, come back here, right here! » Quelle gentillesse! Il y a de ces rencontres qu’on n’oublie pas. Celle avec Reginald en est une de celle-là.